Haïti figure sur la liste établie par l’ONU, répertoriant les pays qui suscitent les plus grandes inquiétudes en termes de sécurité alimentaire de leurs populations. Dans un rapport conjoint daté du 29 mai 2023, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ainsi que le Programme alimentaire mondial (PAM) ont indiqué que, dans le cas spécifique d’Haïti, cette situation préoccupante découle des graves restrictions de déplacement tant pour les individus que pour les biens.
Les autorités nationales : gardiennes de la libre circulation des biens et des personnes
La libre circulation des biens et des personnes, en Haïti, et au sein de tout autre pays s’inscrit sous l’égide des autorités nationales. Plus précisément, cela relève du domaine de la politique intérieure et de la gouvernance du pays. Les gouvernements sont investis de la mission sacrée de mettre en place les lois, les réglementations et les infrastructures nécessaires pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes sur leur territoire.
La libre circulation permet aux hommes et aux biens de voguer sans entraves, qu’ils cheminent par-delà les frontières ou au cœur même d’un territoire. Un principe fondateur, catalyseur d’une mobilité vivifiante, d’échanges florissants, d’un commerce florissant, et d’une liberté individuelle éclatante. Ainsi, chaque être se voit octroyer le droit inaliénable de se mouvoir librement en son pays, de s’installer où il le souhaite, et d’aller et venir au gré de son pays d’origine, en respect des lois édictées. Ce droit assure la liberté de choisir sa demeure, de s’élancer en quête d’opportunités à conquérir.
Le défi de la souveraineté populaire face aux crises politiques
Je reconnais qu’en période de chaos politique, la mise en œuvre effective de la Constitution ou de tout autre texte de loi peut être compromise. Les troubles politiques, l’instabilité ou les conflits peuvent affaiblir les institutions et les mécanismes de gouvernance, entraînant ainsi une violation des droits et des principes constitutionnels, notamment ceux liés à la libre circulation des biens et des personnes. Toutefois, il est également important de reconnaître que les gouvernants se sont rendus coupables d’actes de délinquance dans le but d’affaiblir l’État, ce qui constitue une violation de la confiance et des responsabilités qui leur sont confiées. Face à ces violations, le peuple, en tant que souverain, doit réagir.
Quand les récoltes pourrissent et que la faim se fait criante : l’emprise des bandits sur les chemins de survie
Dimanche, un ami, qui souhaite préserver son anonymat, m’a confié que son père, un cultivateur, a vu ses récoltes pourrir parce que des bandits ont audacieusement pris en otage les chemins d’accès vers les marchés publics. Cette situation fait suite à l’attaque meurtrière du 20 avril 2023 perpétrée par des bandits armés contre la population civile à Source Matelas, dans la 9e section communale de Cabaret (au nord de la capitale, Port-au-Prince).
Un ventre affamé n’a point d’oreilles, mais lorsque ce ventre sera véritablement creux, n’entendra-t-il pas les nouvelles de l’endroit où se cachent les brigands qui bloquent l’accès aux vivres qui le nourriront ?
Au-delà des barricades : trouver des solutions durables
C’est à ce moment que je me demande jusqu’où ira le mouvement de résistance populaire qui a effrayé les assassins, bien que je remarque récemment que les brigadiers ont relâché leur vigilance. Se contentera-t-on de simplement barricader les quartiers pour se laisser mourir de faim ? Ne sommes-nous pas dans l’urgence de changer nos stratégies de lutte afin que la vie puisse trouver son chemin là où la mort a établi son quartier général ?
Mourir de faim n’est pas beau. Travailler pour subvenir à ses besoins est ce qui nous est recommandé. Par conséquent, il faut circuler. La libre circulation est le signe de la liberté, alors ne nous confinons pas dans nos quartiers sous prétexte que nous pouvons toujours y rester en vie. Le peuple que nous sommes doit enfin devenir un peuple !