Les cadavres, témoins silencieux de nos barbaries, gisent sur le sol, incapables de raconter l’horreur…
Cependant, l’odeur fétide de ces corps sans vie dénonce une absence de chaleur humaine dans les rues assoiffées des rires de nos enfants et de leurs pirouettes. C’est ce cri dénonciateur des défunts qui révèle notre indifférence.
La mort s’enflamme parce que les vivants s’éteignent. Les brigades ne sont pas suffisamment vigilantes et les brigadiers échafaudent des plans suspects. Très souvent, des innocents négligents deviennent les victimes d’autres innocents vigilants.
En Haïti, toute heure est indue. Moi, j’ai vu des agents de l’ordre jeter l’anathème sur une femme dont l’enfant est atteint d’une balle dans la bouche en sortant de l’école. Je ressentais dans les propos des policiers un découragement démoralisant et une angoisse écrasante qui reflétaient la détresse de la foule rassemblée autour d’eux.
Aujourd’hui, il est préférable d’éviter les rues. Chaque pas en direction de ta destination pourrait être le dernier.