Ils sont ces Haïtien.n.e.s, aguerris sur l’asphalte brûlant pour gagner dignement leur vie en exposant leurs marchandises sur la chaussée.
La personne qui vend agit au nom de celle ou de celui qui ne vend pas. Ils mutualisent leurs ressources, créant ainsi une solidarité financière. Cette mutualisation des ressources financières est appelée chez nous SOL. Ainsi bravent-ils les difficultés, chevauchant les flots de leur déclin.
Haïti : manque d’opportunités formelles d’emploi.
Ce commerce de rue, en Haïti, qui constitue bien sûr une forme d’activité économique informelle, est manifestement le résultat de contraintes économiques et d’un manque d’opportunités formelles d’emploi.
J’attire l’attention sur cette forme de coopération économique parce qu’elle contribue à atténuer les risques et les inégalités économiques en permettant aux individus de faire face aux difficultés et de maintenir un niveau de subsistance plus stable.
Les défis de cette réalité économique, en Haïti
Cependant, je pense humblement qu’il est important de souligner que cette réalité économique présente également des défis. Les vendeurs de rue sont souvent confrontés à des conditions précaires, à une concurrence intense et à des incertitudes économiques. Ne serait-il pas nécessaire de mettre en place des politiques économiques et sociales appropriées pour épauler ces entrepreneurs informels et faciliter leur transition vers des opportunités économiques plus formelles et durables ? C’est une question que je pose en attendant l’éclosion d’une conscience collective, celle-là même qui conférera le pouvoir au peuple d’exiger légitimement des comptes à ses dirigeants.
Le commerce de rue : une proie de la violence constante
Les collectivités territoriales devraient être chargées d’établir des réglementations concernant le commerce de rue et les activités économiques informelles. Cela pourrait inclure des exigences en matière de licences, de permis, d’emplacement, de normes d’hygiène et de sécurité… Ces réglementations viseraient à assurer un environnement ordonné pour les commerçants et les consommateurs.
Les mairies auraient pu avoir pour responsabilité de surveiller les activités économiques informelles et le commerce de rue pour s’assurer du respect des réglementations en vigueur. Elles pourraient mettre en place des mécanismes de contrôle, mener des inspections régulières, prendre des mesures correctives en cas de non-conformité et sanctionner les contrevenants si nécessaire.
Outre la réglementation et la surveillance, les mairies pourraient jouer un rôle de soutien et de promotion des activités économiques informelles. Elles seraient en mesure de mettre en place des programmes d’accompagnement, faciliter l’accès au financement ou aux ressources nécessaires, et favoriser la coopération et la création de réseaux entre les commerçants informels.
Qu’en est-il de l’aménagement urbain ? Les mairies seraient également responsables de l’aménagement urbain, ce qui inclurait la gestion des espaces publics où se déroulent souvent les activités économiques informelles. Elles devraient trouver un équilibre entre les besoins des commerçants, les intérêts des résidents et les exigences de l’urbanisme, en veillant à la bonne utilisation des espaces publics et au maintien de la qualité de vie dans la ville.
Alors, voilà ce qui pourrait être envisagé. Cependant, en Haïti, ce sont les individus qui créent leurs propres conditions d’existence en se tenant à l’écart de la loi. L’article 1er du décret du 26 septembre 1960, qui régit l’exercice de la profession de commerçant, énonce que « chaque personne est libre de se livrer à un commerce de son choix, mais elle est tenue d’obtenir une patente, de s’acquitter de son coût et de se conformer aux lois en vigueur. » Néanmoins, ces lois, si elles sont appliquées, semblent dépourvues de tout bon sens. Ainsi, l’anarchie règne ! De plus, les agents municipaux se contentent d’extorquer de l’argent aux marchands !
La tolérance de la violence pour la survie du commerce de rue
Les rues sont le théâtre d’actes criminels où la violence est tolérée. Lorsqu’un voleur cherche à échapper aux forces de l’ordre, il trouve en la marchande ou le marchand informel son unique complice pour dissimuler son arme ou l’objet volé.
Ces vendeurs savent que la police ne parviendra jamais à éliminer le brigand tant qu’ils seront eux-mêmes dans les rues, luttant pour leur survie. Si le criminel venait à découvrir que c’est la marchande ou le marchand qui l’a dénoncé, cette trahison lui coûtera cher. Il s’agit donc d’un problème de sécurité publique majeur !
Alors, l’informel devient-il le rempart invincible qui empêche l’État de prendre forme, ou bien est-il le symptôme d’une incapacité à gouverner efficacement ?