Les demandeurs de passeport en Haïti semblent ignorer toute considération envers les enfants et les personnes âgées. Des scènes chaotiques se déroulent devant les bureaux administratifs, où une foule s’entasse frénétiquement, désireuse d’obtenir ce précieux sésame. Ce document de voyage devient l’instrument salvateur pour échapper aux affres. Haïti, un lieu à fuir ?
Un peuple dont le bonheur s’épanouit uniquement loin de sa terre natale est condamné à une existence sans lendemain. Les filles et fils d’Haïti ne trouvent réconfort et sérénité que sur des terres étrangères. Ainsi, le précieux sésame qu’est le passeport leur est indispensable, au prix de tous les sacrifices !
Face à un service visiblement ardu, le souci des Haïtiens n’est guère de se conformer à des normes de courtoisie. Au contraire, ils se livrent à des échauffourées, persuadés que s’assurer d’être servis en entravant autrui est le signe d’une intelligence supérieure.
Passeport : opportunités d’emploi dans le désordre ambiant
En abordant justement la question de la demande de passeport, je me suis trouvé étonné de constater que le désordre génère des opportunités d’emploi.
Depuis l’annonce du programme humanitaire américain connu sous le nom de Humanitarian Parole, initié par l’administration Biden/Harris le 5 janvier 2023, de plus en plus d’agences se créent dans tout le pays pour aider les gens à obtenir leur passeport. Le fonctionnement de ces institutions frauduleuses est d’une singularité frappante.
Ces institutions frauduleuses engagent une équipe d’inlassables veilleurs, prêts à occuper la place des véritables demandeurs de passeport dans la file d’attente. Une somme avoisinant les 2500 gourdes pour préserver une position convoitée. Cela met en évidence de manière flagrante les maux de la corruption, de l’accès inéquitable aux services gouvernementaux et de la dégradation des procédures administratives. Les droits à l’égalité et à un traitement équitable sont ainsi violés. Ne devrait-on pas attendre des autorités compétentes qu’elles mènent des enquêtes sur de telles pratiques illégales, les empêchent et punissent les coupables, afin d’instaurer transparence et justice dans le processus d’obtention des passeports ?
L’audace des agences : recours à la violence pour s’imposer. Ces agences poussent l’audace encore plus loin. Une bande de brutes est recrutée pour s’imposer sans pitié dans la foule en attente. Recourir à la violence pour prendre le pas dans la tumultueuse file d’attente est une pratique illégale et moralement répréhensible. Chaque individu a le droit à la sécurité personnelle et à l’intégrité physique. Personne ne devrait craindre pour sa vie ou subir des violences pour accéder à des services gouvernementaux.
Si les éminents défenseurs des droits de l’homme n’avaient pas peur de se faire briser les doigts, en silence, par ceux qui ne prêtent pas l’oreille, ils proclameraient haut et fort que de graves violations des droits de l’homme se déroulent en Haïti. Ils souligneraient particulièrement le non-respect de la dignité, l’accès inéquitable aux services gouvernementaux et le droit fondamental à la sécurité personnelle.
Corruption, accès inéquitable et dégradation des procédures administratives
Dans l’ensemble, la situation soulève des préoccupations quant au respect des droits de l’homme en Haïti dans le contexte de la demande de passeports. Il est impérieux que les autorités s’emploient sans délai à trouver des solutions, à ériger des remparts, afin de garantir des procédures administratives équitables, transparentes et respectueuses des droits de l’homme.
Je ne saurais exiger des Haïtiens qu’ils s’accommodent de vivre en Haïti. Toutefois, je les exhorterai à embrasser avec ferveur l’essence de la fraternité, une vertu qui pourrait leur être salutaire, eux qui aspirent à goûter aux délices de terres étrangères. Puisse l’Haïtien comprendre que les femmes et les hommes qu’il rencontrera lorsqu’il aura quitté son pays ne seront pas des étrangers, mais des “Frères humains”, tel que l’aurait exprimé, en ce contexte, le poète français François Villon !