Vis, tel l’homme innocent qui ne s’en va pas lui-même, mais fait chercher sa proie. Il a fait chercher Marie Lucie Bonhomme et l’a interrogée pour l’ordre, car il est celui qui a pris le contrôle de ce territoire que l’État a laissé perdre.
L‘État s’est avoué vaincu. L’homme innocent l’a saisi. Il se jette à l’attaque, pille sans relâche et interroge qui bon lui semble, selon les sombres desseins de sa propre cruauté.
Marie Lucie Bonhomme prise pour cible : une démonstration d’autorité ?
Dans les premières heures du 13 juin 2023, la journaliste haïtienne Marie Lucie Bonhomme a été prise pour cible dans sa résidence privée située à Tabarre. Un acte de vandalisme a été perpétré contre son domicile avant que des individus ne la kidnappent. Plus tard, il est rapporté qu’elle a été conduite devant le chef du territoire perdu, où elle a été libérée après avoir subi un interrogatoire.
La leçon des brigades de vigilance n’a pas été diffusée dans l’ensemble du pays. Elle s’efface dans l’oubli dans certains endroits. J’ai souhaité, et je le souhaite encore, que la population de certains quartiers, qui n’ont pas encore été pris en otage, se rassemble avec une détermination farouche, prête à avancer d’un pas résolu vers les quartiers tenus en captivité par des criminels armés, soutenue par les forces de l’ordre. C’est en reprenant les territoires perdus que le BWAKALE peut aboutir à des résultats satisfaisants.
Pour revenir à cette démonstration d’autorité de l’homme innocent, je rappelle ce proverbe créole : « Lorsque la barbe de ton camarade s’embrase, c’est l’inévitable avertissement qu’il est grand temps de plonger la tienne dans les eaux salvatrices. » Comment peut-on légitimement admettre qu’un homme dont la réputation est entachée fasse amener un citoyen pour l’interroger, alors même qu’il est connu pour ses affaires troubles ?
Une situation traumatisante et oppressante
Sommes-nous les coupables, contraints de fournir des explications à l’homme qui se proclame innocent ? Il ne l’a pas tuée. Mais nul ne peut ignorer sa capacité meurtrière.
Je ne sais pas ce que la journaliste a révélé ou ce qu’elle a omis de mentionner lors de l’interrogatoire. Cependant, il est certain qu’elle a été soumise à une pression psychologique intense, se retrouvant confrontée à une situation extrêmement stressante et potentiellement traumatisante.
L’érosion de la confiance envers les institutions
La confiance de l’ensemble de la société envers les institutions chargées de préserver la sécurité et la justice s’effrite, sapant ainsi les fondements mêmes de notre coexistence. Cette dégradation suscite chez les citoyens un sentiment d’impuissance et de vulnérabilité alarmant, face à des individus criminels qui exercent une influence dévastatrice sur leur quotidien. Loin d’être un simple désagrément, cette réalité engendre un climat de peur généralisée qui ronge les liens sociaux, et menace la stabilité de nos communautés.
Des violations des droits fondamentaux
Sur le plan juridique, cette situation soulève de sérieuses interrogations quant au respect des droits fondamentaux des citoyens, notamment le droit à la sécurité. L’usage de la coercition pour obtenir des informations ou des aveux va à l’encontre des principes fondamentaux de l’État de droit, et peut entraîner de flagrantes violations des droits de l’homme. Le cas de Marie Lucie Bonhomme en est une illustration incontestable.
Un précédent dangereux
En outre, cela instaure un précédent pernicieux où les criminels se hissent au sommet, imposant leur pouvoir et leur emprise sur des citoyens paisibles. Une telle réalité peut inciter d’autres individus malveillants à emprunter les mêmes voies tortueuses, compromettant ainsi davantage la sécurité de notre société.
Le temps est compté, car chaque instant où nous acceptons tacitement l’emprise des criminels sur nos vies nous rapproche davantage des profondeurs du chaos et de la désintégration sociale. Il est grand temps d’agir immédiatement, sans la moindre hésitation !