Dans l’ensemble, l’absence palpable d’un président de la République, en Haïti, depuis 2021, est soigneusement dissimulée par l’homme qui occupe la Primature. Il feint la mort afin de ne pas perturber le départ de celui qui, victime d’un assassinat, le 7 juillet 2021, a abandonné le siège présidentiel.
Tout compte fait, le Dr Ariel Henry n’est pas un Premier ministre nuisible. Les rares comportements irrespectueux qu’il a pu afficher sont pardonnables. Certains se souviennent de l’époque où il raillait ces politiciens, réunis dans un hôtel, s’adonnant avec zèle à un jeu singulier, simulant avec délice de savoureuses bouchées de terre, rêvant avec une effervescence équivoque d’investir les postes suprêmes de la Présidence de la République et du Premier ministre.
Lors de la première version du mouvement dénommé « BWAKALE » en septembre 2022, il avait également, de manière irrespectueuse, appelé son peuple à ne pas se laisser entraîner dans un “jeu beau, sale.”
Le Premier ministre Ariel Henry est sans aucun doute, depuis son accession au pouvoir, le seul Haïtien à se prendre au sérieux. Quiconque ne faisant pas partie de son cercle restreint, ou qui ne partage pas ses convictions, joue au jeu du « JWÈT MANJE TÈ » ou du « JWÈT BOSAL » contre la démocratie. Tel est le jugement du neurochirurgien, qui déchiffre ainsi les aspirations de tous ceux qui espèrent un meilleur avenir.
Depuis le 20 juillet 2021 jusqu’au 20 juillet 2023, deux années se sont écoulées, tandis que le Dr Ariel Henry demeure figé près du lit d’un pays malade, sans montrer le moindre regret quant au périssement progressif de son peuple.
Pourquoi donc faudrait-il que le Dr. Ariel Henry s’écarte du pouvoir en ce jour ? Il ignore tout autant comment et pourquoi il se retrouve supposément à la tête de l’Exécutif. Jamais il n’a même songé à en prendre les rênes ou à en être à la tête. On prétend qu’il s’agit d’une transition et qu’à présent, il doit céder sa place, mais le Dr. Ariel Henry ne représente en rien une figure de transition.
Je ne veux même pas me prononcer sur la question de savoir s’il convient ou non de maintenir le Dr Ariel Henry au pouvoir. La classe politique haïtienne semble traîner des pieds pour comprendre qu’une transition politique est une affaire de négociation.
Cela requiert des pourparlers entre diverses parties impliquées. Lorsqu’une alternance au pouvoir est envisagée, il est souvent préférable d’entamer des négociations en vue d’atteindre un consensus et de faciliter une transition pacifique et bien ordonnée.
Les négociations rassemblent un éventail d’acteurs politiques, de représentants de la société civile, de groupes d’opposition et d’autres parties prenantes. Les discussions se concentrent habituellement sur des sujets tels que l’établissement d’un gouvernement de transition, la préparation d’élections ou d’autres dispositifs visant à assurer une transition démocratique, la réconciliation nationale et la préservation de la stabilité politique.
Les négociations peuvent également s’atteler à des enjeux de justice, de responsabilité et de réformes institutionnelles afin de prévenir la récurrence des problèmes ayant nécessité une transition. En évoquant précisément la justice, il me semble que le nom du Dr Ariel Henry a été mentionné, si je ne me trompe pas, dans l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse.
Rien de tout cela n’avait été entrepris, et l’on prévoit le départ du Dr Ariel, qui en rit, comme on aime à le raconter.