Haïti-éducation| Carrefour-Feuilles, Solino, Croix-des-Bouquets, Bel-Air et Fort National : autant de quartiers pris dans l’étreinte d’une violence implacable en ce mois d’août. Cette cruelle réalité force de nombreuses familles à quitter leurs résidences. Cette crise sécuritaire, qui coïncide avec la préparation de la rentrée scolaire prévue pour le 11 septembre 2023, impose une réflexion profonde sur le sort de l’année académique 2023-2024.
Il me semble que les responsables d’écoles ne saisissent toujours pas que les vents violents de la relocalisation forcée soufflent n’importe où et sur quiconque. Les administrateurs d’écoles minimisent la situation en cours. Ils se permettent d’exiger des frais de réservation afin d’assurer une place aux enfants au sein des établissements scolaires. Une place ! Quelle pertinence cela a-t-il, dans un pays où n’importe quel territoire peut être déclaré perdu à n’importe quel moment ?
Aucune école ne bénéficie actuellement d’une stabilité géographique. Aucune école ne se trouve à sa position légitime dans la capitale d’Haïti sans l’indulgence des gangs armés. Alors de quelle “garantie de place” dans les écoles parle-t-on aux parents ?
Les Frères de l’Instruction chrétienne ont été contraints d’opérer un déménagement forcé de l’École Jean-Marie Guilloux, jadis nichée rue Mgr Guilloux au cœur de Port-au-Prince, en Haïti, vers le quartier de Delmas. Les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny ont également dû procéder au transfert de l’école Externat la Providence, autrefois érigée le long de la rue du Peuple, vers un nouvel emplacement, précisément l’avenue Poupelard.
Malgré ces mesures prudentielles, le triste épisode d’une violence incontrôlée a frappé l’établissement Externat la Providence. En effet, lors de la journée du mercredi 8 mars 2023, en plein cours, un professeur de cette institution a été visé par un projectile qui, de manière brutale, a heurté ses clavicules, laissant une blessure inattendue.
Ces exemples ne sont malheureusement pas isolés. D’autres institutions scolaires ont été confrontées à des destinées semblables, comme en attestent les témoignages poignants que j’ai pu recueillir.
À mon humble avis, l’urgence actuelle, tant pour les éducateurs que pour les parents et le ministère de l’Éducation nationale, réside dans la nécessité d’unir leurs efforts afin de concevoir des solutions novatrices permettant aux enfants de poursuivre leur apprentissage et leur épanouissement, même en des temps difficiles.
Cette crise pourrait avoir la vertu de donner naissance, non seulement à des modèles éducatifs souples et adaptatifs, mais également à des programmes éducatifs interactifs ainsi qu’à des ressources pédagogiques qui transcendent les barrières géographiques. De telles initiatives seraient en mesure de relever les défis posés par les contraintes liées aux déplacements et à l’incertitude.
Les établissements scolaires ainsi que les organisations non gouvernementales ont la possibilité de collaborer en vue de créer des centres d’apprentissage temporaires au sein des zones d’accueil. Cette initiative offrirait aux enfants un environnement propice pour poursuivre leur cursus éducatif et renouer avec d’autres camarades qui se trouvent dans des circonstances comparables.
Il est évident qu’aucune école ne peut garantir la place d’un élève en son sein, étant donné qu’elle ne peut garantir sa propre place dans le quartier où elle est établie. Ainsi, toute requête de paiement de frais de réservation de place est inopportune !