Si on vous informe que la semaine sainte en Haïti est plus sainte qu’ailleurs dans le monde, alors vous pouvez prendre cela pour une vérité indéniable, et comme le proclament les Haïtiens, « Les Saints ne mangent point ».
Je vais vous narrer la discussion entre deux jeunes amants, telle qu’elle s’est tenue ce samedi. La jeune femme, qui avait patienté sans succès pour que le poisson fasse son apparition à sa table lors du Vendredi Saint, était quelque peu stupéfaite d’apprendre que la petite créature marine avait trouvé la mort dans les flots. « Pas de soucis, c’est un Vendredi Saint malsain, même le Christ a été cloué sur une croix », se murmure-t-elle pour trouver du réconfort.
“Ce dimanche de Pâques, nous célébrerons la gourmandise en l’honneur de la résurrection de notre Sauveur », déclare-t-elle à son mari, ajoutant que le plat principal du repas serait du poulet. Monsieur, qui est fauché, ne comprend pas et reste bouche bée en songeant au ventre affamé de sa belle épouse.
Soudain, une idée lumineuse lui vient à l’esprit : celle d’acheter des pattes de poulet. Monsieur, dont nous préférons taire le nom, explique à son épouse que l’achat de 5 pieds de poulet lui fournira sûrement 20 orteils pour préparer une délicieuse sauce, que la petite famille de cinq personnes (le couple et les 3 enfants) mangerait avec du pain. La demoiselle a félicité la créativité de son mari.
Par-delà les embûches et les privations, leur résilience ardente les aura conduits au-delà des contraintes de la matière.