La peur enfante la paix lorsqu’elle change de camp dans un contexte de leadership éclairé. Comment éviter que l’homme bon qui tue le mauvais aujourd’hui ne devienne le monstre de demain ? Que dire à l’enfant égaré qui contemple, horrifié, des cadavres enflammés sur sa route de retour de l’école ? Si la mission de la police est toujours de protéger et servir, elle doit encadrer la population qui fait sortir les criminels de leurs cachettes. Point n’est besoin de singer ces assassins, qui s’abreuvaient du spectacle répugnant de corps démembrés et calcinés.
Quant à cette affaire, je me dois de saluer l’intelligence des résidents du quartier de Jalousie à Pétion-Ville. Cependant, je ne peux approuver le spectacle atroce qu’ils ont présenté, hier mardi. Avant de procéder à l’exécution des cinq bandits, ils ont mené un interrogatoire. Parmi les criminels, l’un d’entre eux avait le dos marqué de l’inscription « IZO 5 SEGONN ». Par ailleurs, une femme suspecte clamait son innocence, affirmant qu’elle avait été kidnappée. Les brigadiers l’ont remise à la police qui l’a également interrogée. Les forces de l’ordre ont découvert que cette femme était membre du gang dirigé par Ti-Makak. Elle a même avoué que de nombreux autres criminels armés s’étaient réfugiés à Jalousie.J’ai appris que la population continuerait de monter la garde pour les éliminer tous.
Je réaffirme que la peur peut engendrer la paix lorsqu’elle change de camp dans un contexte de leadership éclairé. Actuellement, les quartiers se méfient les uns des autres au point que je suis empli de frayeur à l’idée de marcher dans la rue en compagnie de mon ombre qui, dépourvue de tout document officiel, ne peut s’identifier. Les quartiers doivent s’unir pour se libérer mutuellement jusqu’à ce qu’Haïti puisse vivre relativement en paix.
Ce mercredi matin, alors que j’étais en conversation avec le politologue Dr Gracien Jean, il m’a confié une réflexion profonde : « ceux qui tuent ne sont pas différents de ceux qui meurent ». Selon lui, la propension criminelle est ancrée en eux et ils finiront par s’attaquer aux membres de leur entourage. Cette observation nous rappelle l’importance de chercher à comprendre les racines du crime et de travailler sur la prévention.
Dans mon pays, la vie est engluée dans une impasse funeste.