L’école doit rester debout, en Haïti, jusqu’à la clôture de l’année académique 2022-2023 ! Comment ce miracle se réalisera-t-il? Quels sont les efforts fournis par les professeurs, les élèves et les responsables d’école?
Je connais une école où les élèves se déplacent en rampant pour entrer en salle de classe et se roulent sur le sol comme des vers de terre pour quitter l’établissement. La Directrice a transformé cela en un jeu pour dissimuler aux enfants les dangers des projectiles qui s’entrechoquent dans la cour.
La Directrice envisage également d’augmenter les frais de scolarité afin de mettre à la disposition des élèves des gilets pare-balles. Selon elle, ces équipements permettront aux enfants de retrouver la joie de jouer dans la cour de récréation.
Autre cas remarquable ! Cette semaine, j’ai rencontré un enseignant sur une place publique. Il me racontait qu’après avoir été chassé de son quartier par des bandits armés, il dort sous l’escalier d’une boutique. Il n’a pu emporter avec lui qu’un sachet contenant deux pantalons et trois chemises. C’est ce paquet, ajoute-t-il, qui lui sert d’oreiller. Ah, j’ai joué le rôle de Nesmy Manigat en lui conseillant lde faire preuve de patience, car l’école ne saurait attendre ni le bien-être ni le confort d’un professeur avant de rouvrir ses portes.
Coûte que coûte, les acteurs du système éducatif sont déterminés à boucler l’année scolaire. Je connais un professeur qui est contraint de tolérer une élève turbulente dans sa classe et de lui accorder des notes favorables, même si elles ne sont pas justifiées, car la fille serait la nièce d’un chef de gang. Bien que cette élève perturbe le cours, sa présence est acceptée, car elle contribue à assurer la sécurité de l’établissement scolaire.
Quoi qu’il en coûte,l’année académique 2022-2023 doit toucher à sa fin. Tout enseignant responsable doit faire preuve de tact, à l’image de ce professeur de philosophie qui demande aux élèves la profession de leurs parents. Et l’un des enfants répond : « soldat ! ». Le guerrier de l’éducation n’a pas cherché à savoir dans quelle armée…
Ce sont là autant d’acrobaties, tant du côté des enseignants que des élèves, pour faire avancer lentement une école pressée: « l’école qui ne peut pas attendre » !