La vie est chère, mais celle des Haïtiens ne coûte rien
Delmas, Haïti. 13 avril 2023. Je n’avais pas pu aider ni appeler à l’aide. J’ai observé toute une famille partager un repas autour d’une chaudière transportée par un brouettier qui était intransigeant sur le prix du plat : 125 gourdes (soit environ 0,80 dollars américains). S’ils n’avaient pas eu faim, ils auraient pu attendre au moins 45 secondes pour compter le nombre de grains de riz jetés dans l’assiette.
La scène est poignante. Cinq bouches se disputent une assiette en aluminium. Je ne me rappelle pas qui, des parents ou des enfants, a fini en premier. Mais je me souviens du fracas de leurs dents contre le récipient métallique. C’était le signal sonore de leur lutte pour se nourrir. Leurs regards continuent étrangement de me hanter.
Ils habitaient paisiblement à Pernier (banlieue située à l’est de la capitale)., où ils tenaient une boutique qui, tant bien que mal, leur permettait de gagner leur pain quotidien. Cependant, des bandits les ont chassés de leur quartier. Aujourd’hui, ils errent dans les rues, les bras ballants, sans but ni espoir, leur vie paisible et prospère brisée par la violence gratuite.
Sans travail ni abri, cette famille brave le destin dans un pays où toute vie semble être vouée à la mort.
Robenson D’Haïti