Sa bouche, bateau à rames, vogue sur un océan de salive. Voilà ce que m’aurait raconté un tableau de Frantz Zéphirin. Cette œuvre témoigne d’une spécificité poétique. L’œuvre se déploie sur un double espace. En haut, un grand œil multi-regard patrouille à la nage dans les profondeurs abyssales de la mer. Au milieu, dix têtes s’alignent pour délimiter les frontières maritimes. En bas, c’est cette bouche bateau qui compte moins de passagers que de dents.

Je n’ai pas tort de vous parler de ce que vous ne verrez peut-être pas dans une œuvre qui serait habilitée, par sa composition, à tromper la vigilance du regardeur. Dans ce tableau, dont le titre m’échappe, j’ai vu aussi la mer ramer de toutes ses forces pour quitter son lieu inondé. Frantz Zéphirin a le mérite de savoir dépasser le motif pour ouvrir à l’infini.

Le visage bleu du marin est parsemé d’étoiles. C’est grâce à cette constellation  que je suis parvenu à localiser le ciel flottant à la surface de la mer dont les vagues dévoilent le geste scripteur de l’artiste. De petits traits se succèdent, comme des hachures, pour tapisser la toile. Voilà la marque du style Zéphirin tel qu’il m’a été expliqué par le peintre lui-même : « La patience de charger le tableau sans nuire au plaisir visuel ».

Pour ceux qui chercheront à contempler d’autres œuvres de Frantz Zéphirin, je note l’intelligence avec laquelle l’artiste exploite le potentiel expressif que lui offre le pinceau…

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