Diaspora| On n’a plus le désir de vivre en Haïti, et manifestement, on ne souhaite pas non plus y mourir, du moins à en juger par les apparences. De nos jours, ni l’air, ni l’eau, ni la terre, ni le feu d’Haïti ne sauraient se délecter de nos ultimes cendres ou poussières. Voilà peut-être un souci élémentaire pour la diaspora haïtienne !

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La réalité m’a infligé une douleur profonde en m’obligeant à admettre que notre diaspora se compose d’Haïtiens, disséminés aux quatre coins du globe, mais principalement en fuite de leur terre natale.

Une femme, dont le père est décédé en Haïti, a préféré ramener le corps sans vie aux États-Unis, où elle réside, afin d’y organiser les funérailles. Cela engendre des frais, mais elle n’a pas souhaité prendre le risque de confier les restes paternels aux entrailles d’une terre souillée de sang et de larmes. 

J’ai remarqué avec regret dans cette histoire que les ressources financières, qui auraient pu être utilisées localement en Haïti, notamment pour les services funéraires, sont détournées vers d’autres destinations.

Comme l’argent qui aurait pu être utilisé pour les funérailles ici, en Haïti, est utilisé ailleurs, les menuisiers funéraires locaux perdent potentiellement des opportunités commerciales et des revenus. Cette réalité regrettable affecte non seulement les services funéraires, mais également l’économie et les acteurs locaux impliqués dans ce domaine spécifique.

La fabrication d’autres produits funéraires connexes, souvent fournis par les fabricants de cercueils ou par des entreprises spécialisées dans les services funéraires, est de la même manière touchée. Je mentionne, par exemple, les urnes funéraires, ces récipients utilisés pour conserver les cendres après une crémation. Je peux aussi évoquer les plaques commémoratives utilisées pour marquer un lieu de sépulture ou honorer la mémoire d’un être cher.

Je peux également évoquer les fleurs et les couronnes funéraires, qui sont des arrangements floraux spécialement conçus pour les funérailles. Ils peuvent être placés sur le cercueil ou près de la tombe en signe de respect.

Dans l’univers funéraire, on trouve aussi toute une panoplie d’accessoires. Des porteurs de cercueils, des poignées de bois, des draps solennels, des coussins douillets et des housses élégantes pour préparer et présenter le défunt avec une dignité ultime lors des funérailles.

Dans cette histoire empreinte de tristesse, je redoute avec une inquiétude profonde la propagation de cette pratique. Si les membres de la diaspora haïtienne, dans leur choix, préfèrent ramener leurs défunts vers ces terres d’accueil où ils ont trouvé refuge, plutôt que de leur offrir une ultime demeure en Haïti, alors s’annonce une douloureuse perte de savoir. Les pratiques funéraires, les traditions et les rituels, ces joyaux uniques de la culture haïtienne éclatante, risquent de s’atténuer, voire de sombrer dans l’oubli, faute de transmission et de préservation.

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Les membres de la diaspora haïtienne se sont-ils tus face à ceux qui tuent dans leur pays d’origine, pourvu qu’ils s’arrangent de rester ailleurs ?

Dans cette histoire, je discerne aussi un impact symbolique non négligeable. Le choix de refuser l’ultime repos du père en terre haïtienne engendre une brisure dans la chaîne des liens émotionnels et spirituels avec la patrie. Cet acte incontestablement altère le sentiment d’identité profonde et la fierté nationale qui en découlent.

Robenson D’Haiti
Journaliste Professionnel
www.robensondhaiti.com

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