Haïti-éducation| L’éducation esthétique et artistique (EEA), englobant la musique et les arts plastiques, fait son entrée officielle dans les examens d’État cette année, marquant ainsi un tournant majeur dans le paysage éducatif. Cette avancée mérite indubitablement des éloges
La reconnaissance formelle de l’EEA aux examens d’État est un signe que l’éducation artistique est désormais perçue comme une composante essentielle de l’éducation nationale. Cette mesure reflète l’importance de l’épanouissement artistique dans le développement global des élèves, en soulignant l’importance de la créativité et de l’expression artistique dans leur éducation.
Toutefois, cette initiative ne doit pas se limiter à un simple ajout de matière aux programmes scolaires, mais elle doit englober également des efforts substantiels visant à renforcer la qualité des ressources humaines impliquées dans l’enseignement artistique. Les enseignants et les formateurs sont appelés à jouer un rôle clé dans la réussite de cette nouvelle filière, en mettant en œuvre des approches didactiques et pédagogiques innovantes qui favorisent le développement des compétences artistiques et esthétiques des élèves.
À ce sujet, nous souhaitons relater une mésaventure survenue à un professeur d’arts plastiques haïtien alors qu’il enseignait aux élèves haïtiens l’utilisation des lignes dans les Vêvê, un art sacré vaudou. Il a été pris au dépourvu par le Directeur pédagogique de l’institution, qui lui a fait remarquer de manière courtoise qu’il n’était pas approprié d’aborder, de quelque manière que ce soit, le sujet des Vêvê en présence des élèves, même lorsque cela se limitait à l’étude des lignes.
Ici, poursuit le responsable pédagogique d’une voix empreinte de douceur, il est essentiel de considérer nos jeunes élèves comme des clients avant de les percevoir comme de simples écoliers. Si jamais les parents venaient à découvrir des représentations de Vêvê dans les cahiers de leurs enfants, ils pourraient malencontreusement associer ces symboles sacrés à des pratiques diaboliques, jetant ainsi l’ombre du doute sur notre établissement. Une telle méprise, renchérit-il, aurait des conséquences fâcheuses sur notre clientèle.
Alors que le professeur s’apprête à défendre sa méthodologie pédagogique, le Directeur pédagogique l’interrompt et lui ordonne de se taire, soulignant que le mois précédent, les finances de l’école avaient rencontré des difficultés notables. Il souligne que l’attrition de notre clientèle serait particulièrement préjudiciable, et que nous ne saurions nous permettre d’effrayer nos clients en étudiant des tracés sataniques.
Le professeur, qui incarne à la fois l’artisan de la connaissance et l’ouvrier au service du maître, semble avoir compris le message sous-jacent.