Pour tout transfert d’argent vers Haiti, il ne reste qu’un petit reste insignifiant au bénéficiaire depuis l’entrée en vigueur de la circulaire 114-2 de la BRH, en 2020, qui fait obligation aux maisons de transfert de verser les transferts reçus de l’étranger en gourdes. Cela dérange et l’expéditeur et le bénéficiaire déficitaires. Ils se plaignent en silence. Aujourd’hui, comment contourner la situation ?  

Le principe du transfert d’argent, c’est de ne pas en transférer du tout. Les Français ne comptent pas sur les transferts d’argent de leurs compatriotes se trouvant en Allemagne. Mais l’Haïtien qui se rend aux Etats-Unis ou au Canada, généralement pour des raisons économiques, laisse dans son pays des proches en souffrance attendant de temps en temps un coup de main financier. C’est seulement le cas des pays en voie de développement.

Pourquoi se plaint-on aujourd’hui du versement en gourdes des transferts de fonds reçus de l’étranger ? Peut-on continuer à accepter la circulation en parallèle de deux monnaies dans le pays? Selon la loi de Gresham, lorsque deux monnaies sont en circulation, l’une considérée comme bonne, l’autre considérée comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne. Il se trouve que la banque centrale fait de plus en plus de la gourde la mauvaise monnaie avec son taux de change.

Pourquoi cette course aux dollars ? Vu que les transactions s’effectuent rarement en gourdes, les bénéficiaires des transferts d’argent sont toujours en quête de dollars. Pour sa part, la République Dominicaine a résolu le problème en diminuant presqu’à zéro le différentiel du taux d’intérêt entre le dollar et le peso dominicain.

Réduire presqu’à zéro, en Haiti, le différentiel entre les deux devises peut poser problème car les banques commerciales seraient obligées de jouer leur rôle d’intermédiation financière. En l’état actuel des choses, ce n’est pas évident. En République Dominicaine, il existe une croissance économique pouvant soutenir la stabilité monétaire mais ce n’est pas le cas, en Haiti. La monnaie de paiement, chez nous, n’est pas seulement la gourde. Il existe une double circulation de monnaies de paiement. Les hommes d’affaires, en Haiti, sont des Haïtiens de passage. Le prix des biens et des services est toujours estimé en dollars. Mais entre nous soit dit, ils ont raison. La seule monnaie relativement stable permettant le commerce, c’est le dollar. La circulation marchande exige une certaine parité de change.

Le processus de dédollarisation de l’économie haïtienne est douloureux mais la Banque centrale doit intervenir. Son intervention ne sera significative que si la croissance économique reprend. Les problèmes sont multiples : le commerce extérieur du pays s’est effondré ; il n’y a pas de production pour soutenir la monnaie nationale ; la sous-traitance est fermée; le tourisme est dérisoire. Ne faut-il pas une vraie relance économique?

Robenson D’Haiti

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