Haïti-éducation | De nos jours, il se pose inéluctablement la question fondamentale du comportement manifesté par la jeunesse à l’égard de ses aînés. Dans cet élan de réflexion, il apparaît indubitable que les éducateurs jouent un rôle prépondérant en qualité de figures exemplaires pour les apprenants. Comment donc les plus jeunes appréhendent-ils et assimilent-ils le comportement à adopter en présence du grand être ?

Haiti

Les enseignants sont des ambassadeurs de conduite pour les élèves qui se trouvent sous leur égide. Leur rôle va bien au-delà de la simple diffusion de connaissances académiques, englobant également l’exemplarité comportementale. Par leurs actes et paroles, ils tissent une trame de valeurs guidant les jeunes esprits.

Aujourd’hui en Haïti, le gamin qui se sauve de son coin de rue, transportant un tas de vêtements sur sa tête, tout cela pour échapper aux griffes brutales des bandits armés, il n’a pas une once de répit pour savourer une enfance bercée par les valeurs qui font les hommes.

Comme ses parents qui cavalcadent ici et là, en quête d’un coin quelque peu apaisé, lui aussi se voit investi de la lourde tâche de garantir sa propre survie. Sa prime jeunesse est ruinée par la débâcle sanglante des grandes personnes qui s’affrontent sans relâche. C’est ainsi que l’enfant de cette trempe s’interroge perpétuellement sur le portrait de l’adulte qu’il devra devenir, rejetant, à bras-le-corps, l’héritage de droiture que ses parents, perpétuelles victimes, lui ont légué.

Les enfants nés des bourreaux ne fuient pas. Leurs cœurs grandissent, souillés par le sang des victimes. Quand l’occasion se présente, ils se rendent à l’école, gagnant respect et admiration de la part des responsables, tandis que les enseignants les observent avec une crainte silencieuse.

Ces gamins-là, on les reconnaît au premier coup d’œil. Ils n’ont pas l’ombre d’une gêne à se mettre en avant, à s’afficher tels qu’ils sont. Je me souviens d’une de ces scènes de présentation à l’école, tu sais, quand chaque gamin doit se lever devant tous les camarades et se dévoiler un peu. C’était un môme d’une quinzaine d’années. Il se lève, le torse bombé comme un coq, et annonce d’une voix pleine de fierté qu’il est le fils d’un soldat. Et puis, cerise sur le gâteau, il ajoute qu’à la maison, y a une collection d’armes à faire pâlir un régiment.

Cela a fait son petit effet dans la classe. Les enfants se sont regardés en coin sans, bien sûr, oser lui demander à quelle armée son père était rattaché. C’était risqué. 

Je pense avoir déjà relaté l’anecdote selon laquelle le directeur d’un établissement scolaire à Port-au-Prince, en Haïti, avait instruit un professeur de faire preuve d’une tolérance excessive envers une élève perturbant continuellement la classe. Grâce à cette jeune fille âgée d’environ 16 ans, avait fièrement expliqué le responsable de l’établissement, l’école est préservée de toute menace émanant de bandits armés.

Boutik Royal oasis

L’enseignant conserve-t-il toujours son statut d’autorité bienveillante aux yeux des élèves ? En quoi sa présence dans les salles de classe demeure-t-elle pertinente aujourd’hui ?

Voici donc une société qui se renouvelle à travers des jeunes qui sont impliqués dans la délinquance armée, certains en tant qu’auteurs et d’autres en tant que victimes. Dans un contexte aussi alarmant, quels sont les leviers d’action dont disposent les éducateurs ?

Robenson D’Haiti
Journaliste Professionnel
www.robensondhaiti.com

Give a Comment