« Tout est bien qui finit bien, » ai-je envie de dire en observant l’année scolaire 2022-2023, en Haïti, qui était censée comporter 184 jours, prendre des raccourcis surprenants pour se conclure sans tumulte ni décompte.

Haiti, annee scolaire

Un chef d’établissement, dont je choisis de taire le nom ainsi que l’école sous sa responsabilité, m’a sobrement confié avoir mené à bien l’année scolaire. Il a partagé 180 journées en compagnie de ses élèves. La chance lui a souri, c’est le moins que je puisse dire, tout en gardant à l’esprit les directeurs de divers établissements contraints de verrouiller leurs portes à double tour suite à des lettres d’avertissement agrémentées de projectiles.

Il est clair que la réduction de la durée de l’année scolaire, en présentiel, à 150 jours environ et la nécessité de passer une partie de l’apprentissage en ligne, ont eu des conséquences variées et importantes sur l’éducation en Haïti. Les problèmes d’accès à l’électricité et à Internet ont limité la participation de nombreux élèves à l’apprentissage en ligne, créant ainsi un fossé numérique et exacerbant les inégalités éducatives déjà existantes.

La situation d’insécurité, qui a contraint certaines écoles à fermer en raison des activités de gangs armés, ainsi que le déplacement forcé de familles, témoigne de conditions extrêmement difficiles pour l’éducation. Ces facteurs externes perturbent l’environnement éducatif, rendant encore plus ardu l’accès à l’apprentissage pour de nombreux élèves.

Le maintien des examens officiels malgré ces défis peut être perçu comme une tentative de maintenir une certaine normalité et de garantir une certaine évaluation des compétences des élèves. Cependant, cela peut également soulever des questions sur l’équité et la validité des évaluations dans un contexte où de nombreux élèves ont été confrontés à des circonstances exceptionnelles et inégales en matière d’apprentissage.

Il est important de reconnaître que ces problèmes sont symptomatiques de défis plus larges auxquels le système éducatif en Haïti est confronté, tels que l’insécurité et les inégalités socio-économiques. La prise en compte de ces facteurs lors de la planification des programmes éducatifs et des évaluations est essentielle pour garantir des opportunités éducatives équitables pour tous les élèves, même dans des circonstances difficiles.

Boutik Royal oasis

Pourquoi cette indifférence affichée par les directeurs d’écoles et les parents qui achèvent l’année en attendant avec froideur les résultats des examens officiels, sans solliciter d’explications concernant cette année scolaire chétive ? Peut-être qu’un mot de leur part pourrait infléchir la situation et aider le futur ministre de l’Éducation nationale à se réinventer, à trouver une nouvelle voie pour relever les défis et à travailler en vue de rendre l’éducation accessible malgré les activités perturbatrices des gangs armés.

Robenson D’Haiti
Journaliste Professionnel
www.robensondhaiti.com

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