Je me souviens encore du Centre de Pêche Maritime de Cayes-Jacmel (Haïti) qui avait adressé une demande de 1500 plantules de palétuviers au ministère de l’Environnement par l’intermédiaire de l’Agence Internationale pour le Développement (AECID), dans le but d’établir une mangrove dans la région et ainsi promouvoir la pêche.

Parmi les dix communes qui composent le département du Sud-est, huit d’entre elles se trouvent en bord de mer : Jacmel, Marigot, Cayes-Jacmel, Grand Gosier, Anse-à-Pitres, Bainet, Côte de Fer et Belle-Anse.

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Cependant, deux communes restaient toujours dépourvues de leurs mangroves : Marigot et Cayes-Jacmel. D’après les témoignages que j’avais recueillis en 2012, si ma mémoire ne me trahit pas, elles ressentent un ardent désir de les posséder. Ce désir n’était pas seulement motivé par le rôle crucial que ces forêts jouent dans la création d’un écosystème solide, consolidant ainsi la productivité des pêcheries côtières, mais également parce que les mangroves agissent comme un rempart contre les vagues de la mer, capables d’engendrer des pertes considérables lors des cyclones de plus en plus fréquents, provoqués par les bouleversements climatiques.

Sauvetage d’une mangrove à La Saline par la Société Macaya

Outre son rôle de forteresse et de protection de certaines espèces terrestres et aquatiques, chaque mangrove est une merveille touristique. Pourtant, Jacmel, ville renommée pour son attrait touristique, néglige ses précieuses mangroves. Celles qui subissaient étaient réduites à l’état de dépotoirs lamentables. 

À titre d’exemple, à La Saline, une mangrove a été l’objet d’une réquisition de la part d’un particulier qui a fait venir tracteurs et autres engins lourds afin de détruire ce bien commun, m’a-t-on dit. Sans la vigilance de la Société Macaya, dévouée à l’assainissement de la plage, cette mangrove aurait succombé, m’ont raconté divers citoyens, lors d’un séminaire de trois jours sur le changement climatique et la biodiversité, orchestré en mai 2012 par une organisation internationale, Panos Caribbean. Aujourd’hui, cette forêt côtière subsiste, mais dépouillée de ses arbres et souillée par les détritus qui l’entourent.

Aider les rares associations du département à développer une pêche professionnelle et à améliorer ce secteur est loin d’être suffisant, me confiait Léon Auguste, un septuagénaire apparemment à la retraite, alors que nous évoquions le problème du manque de palétuviers sur les 166 kilomètres de côtes du Sud-est.

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Pour une politique de gestion des mangroves, en Haïti

Aucune suite n’a été donnée à la demande du Centre Communal de Pêche Maritime concernant les plantules de palétuviers.Sanon Jean-Robert, l’un des gestionnaires du Centre, construit et équipé par l’Agence Espagnole de la Coopération Internationale et du Développement (AECID), avait vainement exhorté le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles à tenir sa promesse de fournir 1500 mangroves à la commune de Cayes-Jacmel.

Et, d’un autre côté, les habitants des environs exigeaient de l’État une politique de gestion des mangroves, car elles nécessitent un entretien régulier, concluaient-ils avec insistance.

La mangrove, cet écosystème unique, s’étend là où la mer rencontre la terre ferme. Elle est principalement constituée de palétuviers, ces arbres remarquables dotés de racines aériennes, telles des échasses, qui leur permettent de prospérer dans des milieux vaseux et instables.

Robenson D’Haiti
Journaliste Professionnel
www.robensondhaiti.com

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